mercredi 6 décembre 2006

La mort


La mort.

Sujet tabou entre tous.
Il semble même que la majorité des gens n'y pense jamais.

Je dis 'la majorité des gens', car moi il n'arrive pas une journée sans que j'y pense, que je l'imagine, que je la médite même. Peut-être parce-que je l'ai vu de près si souvent, parce-que je l'ai côtoyé tous les jours pendant mes 10 premières années de vie. Je n'ai pas de pensée sombres à propos de la mort, juste des pensées. Pour moi la vie c'est plus qu'une étape, c'est presque le but de lavie. Elle est là pour quelque chose et je crois que réussir sa vie c'est savoir qu'on peut mourrir à n'importe quel moment et ne pas avoir de regret quand elle arrivera. Je n'en ai jamais eu peur, de toute ma vie.
Cependant, j'ai eu un gros accident d'auto en 2003 qui a failli me coûter la vie et ce dernier événement à changer ma perception de la mort, ou plutôt de la vie. Après l'impact, quand j'ai senti l'air saturé de poudre à canon entrer dans mes poumons, quand l'hébétement du choc fut passé, j'ai senti un sentiment m'envahir que je n'aurais pas suspecté; la colère. J'étais en colère que quelqu'un ait pu presque me prendre ma vie, que mon chemin se soit presque terminer là. Pour la première fois, j'ai senti un vrai et puissant désir de vivre m'envahir. J'avais encore des choses à faire. Depuis ce temps, j'essaie de mettre en pratique ce que j'ai toujours pensé, mais sans retenir mes désirs et mes pulsions. Maintenant, je prends au moins le risque d'avoir des regrets. Même si la peur ne me fait toujours pas peur, je ne suis pas pressée de vivre cette étape.

Mais... parce-qu'il y a toujours un mais...

La mort des autres me dérange. En fait certaines morts me dérangent.
Une de mes amies est morte à l'âge de 20 ans de la fibrose kystique. Elle avait aussi une autre mutation qui lui donnait de l'arthrite rhumatoïde. Elle ne pouvait presque plus marcher. Elle était aussi sourde d'une oreille à cause d'un traitement qu'elle avait eu étant enfant. Elle était très amochée, mais elle adorait vivre. Elle prenait tout ce qu'elle pouvait de chaque moments. Elle n'a jamais baissée les bras, elle allait à l'école et s'occupait du festival médiéval de St-Eustache. Elle a été hospitalisée pendant l'été, je suis allée la voir une seule fois. Par lâcheté, par dégoût (je peux sentir l'odeur de la maladie et de la mort) et aussi parce-que je croyais fermement qu'elle en ressortirait et que tout redeviendrais normal. Un soir le téléphone a sonné, c'était mon ex par qui j'avais connu Marie-Pier, il m'a annoncé qu'elle était décédée. Je lui ai répondu d'arrêter de me niasier (c'était son genre d'humour), mais il me la répéter en faisant de gros effort pour se maîtriser. Je l'ai reçu comme une trahison. Je ne comprends pas pourquoi elle est morte si jeune, j'ai été en colère très longtemps. Je l'ai vu une dernière fois dans son cercueil, tellement belle dans sa robe de vinyle, sans son visage crispé par sa respiration. La douleur de sa perte ne m'a toujours pas quitté, j'aurais voulu lui dire tellement de chose, comment je la trouvait forte et combien je l'admirais et comment je l'aimais.

Ma marraine est décédée du cancer, il y a un an et quelques. En ce temps de Noël, je trouve son départ très difficile. C'est le temps où on se voyait le plus. Quand j'étais plus jeune, elle m'amenait voir casse-noisette presque tous les ans. On se voyait aux fêtes de famille. On allait magasiner pour ma fête (13 janvier) et Noël. Le reste de l'année, je ne la voyais pas beaucoup et je l'appellais jamais (ou presque). Je le regrette. Et je m'ennuie. Ce matin j'ai été face à face avec une cliente qui portait les marques de la chimio et qui, forcément, ressemblait à ma marraine. Je n'ai pas été capable de la servir. Je me suis sauvée et je lui ai sûrement fait de la peine. Elle me réflétait toute la douleur et combien je m'ennuyais, mais assise ici, je le regrette. J'aurais voulu lui donner un peu du temps que ej n'ai pas pris assez avec ma marraine. Au moins, ma tante est morte en sachant que je l'aimais et aussi que j'étais aller la voir. Mais maintenant, je m'ennuie...

Certaines morts sont plus dures à 'dealer' que d'autres.

Ça me fait du bien d'avoir écrit tout ça. Ça m'aide à faire le ménage, à replacer les morceaux dans l'ordre. Comme ça, si j'oublie, en quelque part il y aura des traces. Ça vide aussi le trop plein, le malaise. Ça enlève le poids de sur mes poumons.

1 commentaire:

aigle blanche a dit…

La mort ne devrait pas être un sujet tabou. Elle fait partie de l'évolution normale de la vie. Humaine ou autre. Mais j'avoue que je suis comme toi. Certaines morts, certains départ sont plus difficiles que d'autres...